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« Nous nous éloignâmes ainsi du Brésil d’environ deux cents lieues, jusqu’à la vue d’une île inhabitée, aussi ronde qu’une tour, qui n’a pas plus d’une demi-lieue de circuit. En la rasant de fort près, à gauche, nous la trouvâmes garnie d’arbres couvert d’une belle verdure, d’un prodigieux nombre d’oiseaux, dont plusieurs sortirent de leur retraite pour venir se percher sur les mâts et les vergues de notre navire, où ils se laissaient prendre à la main. Nous aperçûmes des rochers fort pointus, peu élevés, qui nous firent craindre d’en trouver d’autres à fleur d’eau, dernier malheur qui nous aurait sans doute exemptés pour jamais du travail des pompes : nous en sortîmes heureusement. »

On se trouva le 3 février à trois degrés de la ligne, c’est-à-dire que depuis près de sept semaines, on n’avait pas fait la troisième partie de la route. Comme les vivres diminuaient beaucoup, on proposa de relâcher au cap Saint-Roch, où quelques vieux matelots assuraient qu’on pouvait se procurer des rafraîchissements ; mais la plupart se déclarèrent pour le parti de manger les perroquets et les singes que nous apportions en grand nombre en France. Quelques jours après, le pilote ayant pris hauteur, déclara qu’on se trouvait droit sous la ligne, le même jour où le soleil y était, c’est à dire le onzième de mars, singularité si remarquable, suivant Léry, qu’il ne peut croire qu’elle soit arrivée à beaucoup d’autres vaisseaux.

« Nos malheurs, continue-t-il, commencèrent par une querelle entre le contre-maître et le pilote, qui, pour se chagriner mutuellement, affectaient de négliger leurs fonctions ; le 26 mars, tandis que le