Page:Nougaret - Lucette, ou les Progrès du libertinage, 1765-1766.djvu/98

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
80
Les progrès

l’on s’en doutât. Lorſqu’une jeune fille veut converſer avec ſon amant, elle eſt fertile en expédiens ; aucune Agnès n’en a encore manqué : l’Amour eſt un grand maître.

Lucette croyoit jouir long-tems de ſon bonheur ; mais le fortuné, le tendre, l’aimable Lucas diſparut tout-à-coup. On le chercha vainement, tout fut inutile : on le crut noyé ou dévoré des loups. Qu’on ſe repréſente la douleur de Lucette : ſi elle avoit pû la faire éclater, elle n’auroit pas été ſi à plaindre. Elle réſolut de mourir ; mais la conſtance n’eſt plus de mode, elle reſſemble à la douleur d’une veuve qui promet de n’oublier jamais le defunt : ſe reſſouvient-elle toujours de ſes ſermens ?