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du Libertinage.

On s’apperçut enfin au château du changement inſenſible de notre héroïne. Chacun des Soupirans prit courage. Elle n’éloigna plus tant ſa chaiſe de Mondor. Quand on lui baiſoit la main, elle jettoit un tendre regard. Si le valet-de-chambre & d’Arneuil lui tenoient de certains diſcours, elle ſourioit. Quand l’Abbé lui déroboit un baiſer, qu’il couloit une main hardie ſous ſon mouchoir, elle ſe défendoit foiblement & ne crioit pas trop haut.

Lucette prit du goût aux ajuſtemens. Elle auroit crû être morte ſi elle n’avoit paſſé chaque matin une heure à ſa toilette : elle apprit ſans peine l’art de ſe mettre avec grâce ; une eau pure lui rendoit le teint plus vif & plus frais ; la pâte d’amande