Page:Nougaret - Lucette, ou les Progrès du libertinage, 1765-1766.djvu/80

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
62
Les progrès

ſible aux diſcours paſſionnés d’un galant ; elle ſe déroboit par la fuite à ſes ſoins, à ſes careſſes. On peut maintenant s’appercevoir qu’elle commence à changer. Ce n’eſt plus cette jeune payſanne farouche & ſauvage, qui veut toujours défendre ſon innocence qui craint qu’un ſeul mot ne flétriſſe ſa vertu, qui s’épouvante d’un rien, qui mord, qui égratigne. Voyez là ; depuis qu’elle eſt chez le Financier, elle s’eſt formée, elle prend l’uſage du monde. Si vous lui parlez, un tendre ſourire accompagne ſa réponſe, elle eſt douce & polie. La gaieté eſt peinte ſur ſon viſage : le feu du plaiſir étincelle dans ſes yeux. À qui doit-on ce miracle ? à la nature, qu’on ne ſçauroit vaincre, & à l’Amour.