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du Libertinage.

des champs, il paſſoit près du château, & ſe détournoit quelquefois d’une demi-lieue.

Notre héroïne s’apperçut du pouvoir de ſes charmes ; elle n’en fut pas plus orgueilleuſe. Elle commença de ſourire à l’un & à l’autre ; elle jettoit des regards languiſſans qui encourageoient, mais elle arrêtoit bientôt le téméraire. Si la comparaiſon n’étoit pas trop magnifique, je dirois qu’elle reſſembloit à Minerve : la Déeſſe a les attraits de Vénus ; mais ſon air fier & ſon équipage guerrier effrayent ſouvent les Amours.

Nos galans du château furent obligés malgré eux de faire les paſſionnés. Rien de ſi plaiſant que de les voir filer le parfait amour. Ils dreſſent leur batterie ; ils préparent tou-