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Les Progrès

Le voiſin approuva leur délicateſſe, les ſoigna chaque jour avec bonté ; partageoit avec eux ſon néceſſaire. Il fit enfin en leur faveur tout ce qui dépendoit de lui. Cet homme ſi humain languiſſoit dans un état obſcur ; le travail de ſes mains lui procuroit modérément les beſoins de la vie. Il plaignit mes perſonnages, les ſecourut avec zèle, tandis que le riche orgueilleux les laiſſoit périr dans la misère ; rien n’eſt plus naturel ; on ne doit attendre de la pitié que des gens qui ſont eux-mêmes dans le cas d’en avoir beſoin.

Cependant une maigreur affreuſe les minoit inſenſiblement. Ils reſſembloient à des ſpectres. Leurs yeux éteints avoient peine à ſoutenir la clarté. Un viſage pâle, livide ; une