Page:Nougaret - Lucette, ou les Progrès du libertinage, 1765-1766.djvu/486

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
130
Les Progrès

mille. Je fis connoiſſance avec cette hypocrite ; elle eut l’art de me ruiner inſenſiblement. Je lui prodiguois tous mes biens, tandis que je refuſois le néceſſaire à ma triſte famille. Après m’avoir dépouillé de ma fortune, l’ingrate m’abandonna en faveur d’un homme riche, m’accabla de mépris ; digne récompenſe de mes travers, & qu’on doit attendre de ſes pareilles ! La misère que j’éprouvai, conſterna ma femme ; elle mourut bientôt de chagrin. Mes enfans, contraints de mener une vie malheureuſe, maudiront ſouvent la conduite d’un père qui ne leur laiſſe, pour tout préſent, que l’indigence, & ſon exemple à redouter. Sans les charmes de cette Sirène,