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Les Progrès

tranſport, certaine fille de notre voiſinage. Je volois mon Père, afin d’être en état de combler ma Maîtreſſe de préſens. À dix-ſept ans, je devins amoureux d’une Actrice ; j’abandonnai la maiſon paternelle pour la ſuivre, & j’emportai tout ce qui tomba ſous ma main. À dix-huit ans, j’avois mangé trente-mille francs. Je revins dans ma famille ; je proteſtai que j’étois répentant, on me crut. À dix-neuf ans, je jouai avec fureur. À vingt, je fripponai. À trente, je me mariai, & j’entretins une Laïs avide. À quarante, j’étois accablé de dettes. À cinquante, tout mon bien étoit diſparu. À ſoixante, je perdis ma femme ; je prodiguai le peu qu’el-