Page:Nougaret - Lucette, ou les Progrès du libertinage, 1765-1766.djvu/374

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
18
Les Progrès

auxquelles il eſt accoutumé, & dont il ne feroit que rire ; mais je dois garder le décorum, & me faire reſpecter, à l’aide du miſtère ».

Ainſi Lucette ſe vit tout-à-coup une fortune brillante. Les diamans revinrent encore orner ſa tête, & relever l’éclat de ſa gorge. Ses malheurs paſſés s’effacèrent de ſa mémoire ; elle oublia la maladie trop commune qu’elle avoit éprouvée ; l’état où la misère la réduiſit ; les dégoûts, les humiliations qu’il lui fallut dévorer. Sa proſpérité préſente la fit rire de ſa priſon, de l’envie auſſi-tôt éteinte que formée, de ſe corriger, de mener une vie honnête. La vanité vint remplir ſon cœur. Elle goûtoit la douceur la plus pure. Elle ſe crut preſque dans