Page:Nougaret - Lucette, ou les Progrès du libertinage, 1765-1766.djvu/309

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
131
du Libertinage.

dons que pour vivre, que pour ſatisfaire à ſes beſoins preſſans.

Notre héroïne le crut : mais dès le lendemain il courut chez elle en furieux ; il ne lui reſtoit pas une obole. Que ne me retirois-je plutôt, s’écria-t-il ? Je gagnois cinquante louis : j’ai voulu trop avoir, & je n’ai rien. Lucette ſe laiſſa toucher, lui donna tout ce qu’elle avoit, & deux jours après il fut dans le même embarras. Les exhortations de ſa maîtreſſe, ſa miſere, ſes ſermens, tout fut inutile ; il jouoit le jour & la nuit. Le voyant incorrigible, notre héroïne ne l’abandonna pas : elle partageoit ſoigneuſement avec lui le produit de ſes charmes ; après l’avoir reçu, il couroit auſſi-tôt le perdre : digne emploi d’un argent ſi bien acquis ! Elle pouvoit