Page:Nougaret - Lucette, ou les Progrès du libertinage, 1765-1766.djvu/308

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
130
Les progrès

bligeoit ſi honnêtement. Il ſe déſeſpéra, fit des juremens de Dragon, s’arracha une poignée de cheveux, renverſa la table, & mit les cartes en piéces. Notre héroïne ne ſe ſentoit pas de joie ; elle ſe figuroit qu’une telle aventure ouvriroit les yeux à ſon ami. Il s’écria vingt fois : Que je ſuis malheureux ! & je jouerois encore ! non ; ce qui m’arrive aujourd’hui me prouve que je dois renoncer à l’eſpoir de jamais gagner. Il ſortoit, la rage dans le cœur, quand Lucette le rappella, & le pria d’accepter la même ſomme qu’il venoit de perdre. Monſieur Lucas, ſurpris d’une pareille généroſité, doutoit s’il veilloit. Il embraſſa Lucette avec tranſport ; il lui promit de fuir l’Académie, de ne ſe ſervir de ſes