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du Libertinage.

vous, ma chere Lucette ? je ne ſçaurois renoncer au jeu. C’eſt un goût qui me domine : une folie, une ivreſſe, une fureur, a pénétré mon ame. Je ne ſuis content que lorſque je tiens des cartes, tout autre plaiſir m’eſt inſipide. On me rencontre par-tout où l’on joue. Je n’avois pas de quoi dîner hier ; un ami, touché de mes beſoins, m’a prêté un louis ; j’ai couru le jouer, je l’ai perdu, & je n’ai pas encore mangé ».

Lucette s’empreſſa de réparer le long jeûne de Monſieur Lucas. Tandis qu’il dévoroit ſes petites proviſions, elle lui raconta ſes diſgrâces, ſes infortunes ; mais elle lui fit un myſtere de la maladie qu’elle avoit eue.