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Les progrès

amateur des filles de ſon eſpèce, ſi elle n’en avoit été témoin elle-même. Notre héroïne connut qu’on ne devoit jamais ſe fier ſur l’apparence, ni ſur les diſcours de bien des gens. Pluſieurs fois elle vit ſe gliſſer dans ſa demeure des particuliers que tout obligeoit à garder une meilleure conduite. Tel qui prêchoit du matin au ſoir la vertu, qui déclamoit contre les dérèglemens du ſiécle, profitoit de l’obſcurité pour s’introduire chez elle.

Un ſoir que Lucette attendoit avec douceur ceux qui ſe fieroient à la parole de Madame la Reſſource, elle entendit un grand bruit dans ſa petite rue. Un homme s’écrioit qu’il ne ſe battroit pas ſans ſujet, qu’il avoit gagné de bon jeu, qu’on avoit rien à lui demander. Non, diſoit un autre