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du Libertinage.

talité ! Oui, les malheureuſes que l’on ſe peint ſi ſatisfaites, ſont dignes de pitié. Il leur eſt impoſſible de goûter toute la douceur du plaiſir ; le ſentiment s’uſe, l’habitude le leur fait perdre. Elles s’efforcent de faire illuſion ; celui qu’elles preſſent dans leurs bras croit les enflammer, & elles le contraignent de jouir à la hâte d’une triſte volupté. Plus d’une infortunée eſt réduite à ce vil métier. Quelle doit être ſa douleur ! Elle fait en vain ſon poſſible pour s’accoutumer à la honte : le remords la déchire ; elle répand ſouvent des pleurs après l’inſtant de ſa défaite. Il en eſt d’autres que le libertinage y conduit ; elles s’abandonnent à la joie, rient, chantent, ſe divertiſſent ; mais elles n’en ſont pas moins malheureuſes.