Page:Nougaret - Lucette, ou les Progrès du libertinage, 1765-1766.djvu/26

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
8
Les progrès

ce que je devois ſçavoir, elle fit la réſervée : elle croyoit qu’en éloignant de moi toute idée du mal, je ne le connoîtrois jamais, & n’aurois pas beſoin de leçon. Ma bonne mere me laiſſa faire à ma fantaiſie : elle me vit courir ſans crainte avec les garçons du village. Je devins grande, je parus jolie, on me le dit, & j’accordai, ſans ſcrupule, bien des petites libertés. Je ne me doutois point que les hommes fuſſent différens de moi : je les cherchois toujours ; ſans en ſçavoir la raiſon, je ne me trouvois bien qu’avec eux. Un ſoir que j’étois par hazard dans ce bois qui eſt au bout de la prairie, je rencontrai Mathieu. Ce Mathieu étoit un garçon fort aimable, de bonne hu-