Page:Nougaret - Lucette, ou les Progrès du libertinage, 1765-1766.djvu/246

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
68
Les progrès

d’être ſujette aux vapeurs, à des migraines inſoutenables ; elle ne ſortoit plus que dans un deshabillé galant, qu’en manteau de lit ; un grand bonnet lui cachoit la moitié du viſage : ſon air malade, mignard, langoureux, lui donna de nouveaux charmes. Sa fontange ſembla l’embellir : ſes yeux battus, pleins d’une douce langueur, lui attirerent une foule d’amans ; on redoubla les fleurettes, on la preſſa de s’attendrir, d’être ſenſible aux maux qu’elle cauſoit. Lucette leur fit le plaiſir d’être cruelle, inexorable. Ils ne s’attendoient guères qu’ils duſſent la remercier de ſon indifférence, de ſa ſévérité. Chacun s’écrioit à ſa vue : qu’elle eſt aimable ! qu’elle eſt ſage ! Qu’il ſera fortuné celui qui pourra parvenir à