Page:Nougaret - Lucette, ou les Progrès du libertinage, 1765-1766.djvu/244

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
66
Les progrès

de ne point l’éprouver ; il ſuffit d’aimer la ſageſſe : mais elle ſçait nous tendre ſes filets avec tant d’art, qu’il eſt bien difficile de les éviter ; c’eſt un ſerpent caché ſous des fleurs. Elle nous interdit des routes charmantes, ſouillées de ſes regards, & que ſans elle on parcouroit toujours avec tranſport.

Ce mal, tout horrible qu’il eſt, eſt devenu à la mode. Il deshonoroit du tems de nos bons ayeux ; on jettoit dans la riviere celui qu’on en déclaroit atteint. Notre ſiécle eſt plus éclairé ; on le regarde comme une bagatelle dont on ne fait que rire. Le Petit-maître s’en fait, honneur ; il prouve ſes bonnes fortunes. Tous les états le reſſentent & s’en glorifient. Il eſt le ſujet public des