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Les progrès

croyoit les voir, les entendre ; la douleur d’Andromaque, le tendre amour de Zaïr ſembloit l’animer. Lucette n’avoit aucun talent pour le théâtre ; mais elle étoit jeune & aimable, tous les cœurs furent enchantés à ſa vûe ; elle intéreſſa. Sa compagne fit rire. Notre héroïne fut applaudie avec tranſports, & l’autre fut ſifflée à double carillon.

Un coup d’eſſai auſſi flatteur ne manqua pas de la tranſporter de joie ; elle ſe crut un prodige. Elle commença de refuſer les rôles qu’on lui donnoit ; voulut choiſir à ſa fantaiſie ; ne fut jamais de l’avis des autres ; reſſembla bientôt à tous ſes camarades ; & eut ſouvent des maladies de commande.

Elle ſe trouvoit aux aſſemblées de