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Les progrès

tour à ſes talens & à ſes attraits ; une foule d’amans ſoupirent à ſes pieds ; on fait ſa cour à une Comédienne par goût & par vanité ; chacun lui prodigue ſes biens ; heureux celui ſur qui elle fait tomber un regard favorable !

Ainſi penſoit Lucette d’un état que l’on eſtime & que l’on mépriſe ; elle ne le voyoit que du bon côté. Si quelqu’un lui eût appris comment agiſſent les Comédiens de Province, un peu différens de ceux de Paris ; ſi l’on eût pû lui découvrir leurs cabales, leurs tracaſſeries, leur haine contre les talens ; ſi elle avoit connu leurs petites intrigues, leur orgueil ; ſi elle avoit ſçu ce qu’un débutant ſouffre de la hauteur, de la malice de ſes Confreres ; elle au-