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du Libertinage.

neur de partager avec le Prince.

Lucette, aſſez inſtruite pourtant de ce qui ſe paſſoit dans le monde, fut d’abord inquiette de ſa grandeur. Elle craignoit qu’on ne lui fît un crime de s’égaler aux Dames du premier rang. Le Prince, quoiqu’étranger, lui montra le ridicule de ſes terreurs paniques : pour achever de la tranquiliſer, il lui cita pluſieurs exemples de filles entretenues comme elle, à qui l’on ne diſoit rien.

Notre héroïne raſſurée, s’accoutuma ſi bien à faire la Ducheſſe, que peu s’en fallut qu’elle ne ſe crût une Dame d’importance. Elle ne pouvoit faire un pas ſans ſon carroſſe ; elle devint orgueilleuſe & vaine ; d’une délicateſſe extrême : elle honoroit à peine d’un regard ou