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du Libertinage.

légères faveurs ; après qu’il eut prouvé par ſes préſens la vivacité de ſa paſſion, il entrevit l’inſtant propice ; il s’enhardit : l’heure du berger ſonna, & il cueillit une ample moiſſon de roſes & de myrthes.

La poſſeſſion de Lucette redoubla ſa flamme : pour ſe l’attacher il lui fit une penſion, qu’il lui payoit avec ſoin chaque mois. Elle en tiroit auſſi quelques bagatelles, qui, jointes enſemble, ne laiſſoient pas de faire un objet ; mais Harpagon étoit parvenu à ne rien regretter de ce qu’il donnoit à la maîtreſſe de ſon cœur. Il n’étoit avare qu’au ſein de ſa famille. Il refuſoit les moindres choſes à ſa femme, à ſes enfans tandis qu’il procuroit une vaſte