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du Libertinage.

» Je paſſai trois mois dans le château de ce bon Seigneur, agité de terreurs paniques. Pour diſſiper mes craintes, j’eſcroquois pluſieurs bouteilles de vin, que je vuidois en cachette. Si le ſujet de mes allarmes eût ſubſiſté plus long-tems, il y a apparence que la proviſion du Seigneur campagnard n’auroit pû ſuffire ; mais heureuſement pour lui, le Roi donna une amniſtie pour tous les déſerteurs. Je me préſentai à l’Intendant de la Province, & j’eus la ſatisfaction de me voir, hors de danger, & maître de faire tout ce que bon me ſembleroit.

» J’étois d’abord réſolu de retourner dans mon village. Il me tardoit d’être auprès de ma chere Lucette. Je voulois ſervir le Roi, &