Page:Nougaret - Lucette, ou les Progrès du libertinage, 1765-1766.djvu/106

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
88
Les progrès

à ſon grand étonnement, elle réſiſtoit depuis deux grands mois. C’eſt un enfant, diſoit-il ; nous la formerons. Perſuadé qu’elle devoit bientôt ſe rendre, il la lutinoit chaque jour. « À quoi bon faire la cruelle ? lui diſoit-il en minaudant. « Ce n’eſt pas avec moi qu’on ſe glorifie d’une longue réſiſtance. Va, ma chere, ceſſe de te tourmenter, aime moi, fais ton bonheur ». Un pareil diſcours n’étoit pas trop propre à toucher une femme. Auſſi notre héroïne eut-elle la force d’être inſenſible au mérite du Marquis. Il s’en étonna, & redoubla ſes ſoins. Pour ſoumettre une place ſi rebelle, il mit toutes ſes bonnes qualités en campagne & n’en fut que plus ridicule & plus fat.

Lucette ſe moqua avec l’Abbé des