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Wagner et l’Art Italien.
Dialogue de Minuit.

Maintenant il faut que je fasse un aveu : je ne m’attendais pas à voir Lohengrin, représenté et compris ici comme il l’a été. J’ajouterai même que la promptitude avec laquelle les artistes et le public ont pu s’adapter à un art tout nouveaux pour eux, m’a surpris à tel point que j’en ai cherché l’explication. — Eh bien, cette explication je l’ai eue et d’une façon assez merveilleuse, pour que la chose mérite d’être contée tout au long.

C’était un soir après une représentation de Lohengrin à la Pergola. La lune était dans son plein et le ciel sans nuage. Les tours, les clochers, les façades des vieux palais gothiques se dressaient éclatants de blancheur, comme dans un rêve. Arrivé à l’Arno, tout embrasé par les rayons lunaires, fasciné, je m’engageai sur le quai qui mène aux Cascine. Il était désert, et cette solitude étrangement brillante, exerceait sur moi un charme qui me poussait toujours en avant. À la grille des Cascine, nouvel enchantement : un bois, la nuit, avec ses ombres vagues et ses