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arrosent la terre de leurs sueurs : car c’est eux qui vous donnent du pain, et comme dit le proverbe : « Ventre affamé n’a pas d’oreilles. » Et puis quelque idéale que soit l’œuvre d’art, elle n’en conserve pas moins des traces indélébiles du vieux mythe, sans pour cela s’en trouver plus mal. Non seulement c’est dans la nuit que Frédéric et Ortrude ourdissent leur noir complot, mais c’est d’elle aussi que dérive l’admirable coloris musical dont Wagner a revêtu leurs rôles. Quand Elsa paraît à son balcon, un rayon de lune tombe sur son front, et plus tard quand Lohengrin vient repousser Ortrude le soleil resplendit. Tout à l’heure je ne pensais pas au mythe, quand j’ai dit que les mélodies d’Elsa avaient un coloris de clair de lune, et que Wagner a su entourer son héros d’un véritable rayonnement musical. Je n’ai nulle envie de retirer ces expressions et je crois encore qu’elles sont un éloge.