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moment la voûte sombre : puis le char éclate avec un grand bruit, auquel se joignent le grondement des cloches sonnant a toute volée et les acclamations de la foule, assemblée sur la place. On a beau avoir vu cela bien des fois, il est impossible de rester froid, car il y a là un grand effet, qui vous fait venir la chair de poule, tout comme certains grands crescendo musicaux. Pourtant la mélodie qui me vint alors à l’esprit est particulièrement douce : c’est celle du grand récit dans lequel Lohengrin dévoile le mystère du Saint Graal. Au moment où la colombina était passée sur ma tète, sans y penser, je m’étais mis à chanter : « Une colombe en traversant l’espace, vient tous les ans raviver sa splendeur.[1] »

Comme vous voyez c’est par un pur hasard que la colombina de Florence et la colombe de Lohengrin se sont rencontrées dans mon esprit. Eh bien, je crois que c’est là un hasard qui a bien fait les choses. Car en vérité, j’en ai la conviction, ce serait trop peu de dire que ces deux colombes sont proches parentes ; il est pour moi indubitable qu’à elles deux, elles ne font qu’un seul et même oiseau. Voyez un peu. La colombe de Lohengrin vient tous les ans raviver les splendeurs d’un vase lumineux ; et tous les ans aussi, celle de Florence vient faire resplendir la cathédrale et éclater le feu d’artifice, qui attend à la porte sur un char. Elles accomplissent absolument le même office. Mais, direz vous, le Graal est un vase anguste entre tous, tandis qu’il ne s’agit ici que d’un

  1. Ogni anno una colomba vien dal cielo A rinnovare il santo suo poter.