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route aérienne par laquelle une colombe enflammée viendra y mettre le feu et le faire éclater.

Tels sont les préparatifs de la fête, que je n’ai pas vus ; pas plus que je n’aurais vu la fête elle-même, qui pour moi est une vieille connaissance, si les hôtes illustres qui devaient y assister, ne lui eussent prêté cette année un éclat inaccoutumé. Lohengrin en effet n’est pas le seul grand personnage, qui nous ait visité pendant ce carême. Nous avons eu la reine d’Angleterre : une fort grande reine, on le sait ; puis la reine de Serbie : une très jolie reine, on le voit. Eh bien, toutes ces Majestés devaient assister à l’embrasement du char, dans cette jolie petite Loggia del Bigalio, qui fait le coin de la Via Calzaioli et de la Piazza del Duomo. C’était là une attraction irrésistible. A onze heures, je m’acheminai donc vers le lieu de la fête. Dieu, quelle foule ! Néanmoins, je parvins, non sans peine, jusqu’à la place du Dôme. Là, je jetai un coup d’œil admiratif sur les superbes Indiens, qui accompagnent la reine Victoria, et surtout sur la charmante reine Nathalie. Comment l’éclair de ses yeux, n’a-t-il pas fait partir le char, avant que la colombina arrive ? Tel est le problème que je me suis posé. Mais, sans chercher à le résoudre, car il est insoluble, je fis un nouveau plongeon dans la foule, et j’arrivai, ne sais comment, dans la cathédrale. L’immense vaisseau était absolument plein. Et tous ces hommes, toutes ces femmes et tous ces enfants n’avaient qu’une pensée : c’était que les minutes qui nous séparaient de midi passaient bien lentement. Enfin nous y voilà ! Le prêtre entonne le Gloria et la colombina s’allume. Elle part du maître autel avec un sifflement. Comme un éclair, elle traverse la nef, dont elle embrase pour un