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c’est au chanteur d’êviter les êcueils que le rôle présente. Et voilà qui n’est pas facile ! « J’ignore quelles sont les aptitudes de Mr Beck[1], écrivait le maître peu de jours avant la première représentation de Lohengrin à Weimar. En tous cas, il doit bien avoir en vue ce qui est le point capital. C’est la grande scène finale du troisième acte : tout l’effet dépend de la façon dont il y remplira sa tâche difficile. Au commencement, quand il accuse Elsa, il doit être terrible comme un Dieu vengeur. Puis après son récit, quand il prononce ces mots : - Ah parle, parle, Elsa, qu’as-tu donc fait ? - sa force divine doit se briser pour faire place à la douleur la plus humaine. Depuis lors jusqu’au moment où il se sépare d’Elsa, c’est la passion la plus violente, la plus touchante et la plus douloureuse, qui-doit se dégager, car telle est l’essence même de la conclusion de l’opéra. C’est seulement ainsi que l’effet juste peut être produit et pas autrement. Tout le reste va de soi, et si le public reste froid, ce sera la faute de l’acteur auquel est confié le rôle de Lohengrin. » Cette lettre montre bien que Wagner était lui-même conscient des diflicultés d’interprétation que sa pièce présente ; seulement, il s’illusionne quand il ne les fait porter que sur un seul point. D’abord à côté du rôle de Lohengrin il y a celui d’Elsa, puis, pour ce qui concerne le héros, ce mélange de puissance divine et de passion humaine qui le caractérise, doit évidemment se manifester dès le début de la pièce et être maintenu constamment.

  1. Mr Beck fut le créateur du rôle.