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« royauté populaire » que Louis-Philippe d’Orléans parvint à faire vivre dix-huit ans (1830-1848) en en modifiant peu à peu le caractère. La fragilité de cette royauté la plaçait néanmoins à la merci de la moindre secousse. On le comprit en 1848, mais la « république sociale » proclamée alors était prématurée. Au bout de quatre mois, le pays saisi d’alarme se jeta dans les bras d’un dictateur. Louis Napoléon, d’abord président (1849-1852), se fit empereur sous le nom de Napoléon iii (1862-1870). Ce fut le régime du « despotisme éclairé » ; il ne dura guère. Louis-Philippe, sorti de l’émeute, avait dû, pour consolider sa couronne, évoluer vers le « droit divin » ; cette fois, il advint que Napoléon iii, élu pour être despote, se vit forcé d’incliner vers le libéralisme. En 1869, la transformation semblait s’accélérer ; l’empire tournait à la monarchie constitutionnelle. Rien ne souligne plus clairement que ces changements d’orientation le caractère accidentel des derniers règnes. La guerre de 1870 emporta le trône impérial et les frêles appuis que lui constituait un parlementarisme sans racines.

En fait, la solution républicaine date virtuellement de 1830. Dès que la vieille monarchie instaurée n’avait pu se maintenir, la république était vouée à hériter d’elle. L’expérience chèrement acquise tendait à faire comprendre aux Français que leur premier besoin désormais était d’assurer la durée pratique du gouvernement plutôt que d’en rechercher la perfection théorique.