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Richelieu trouve l’ordre troublé par la turbulence et l’égoïsme vaniteux des grands, par les intrigues du « parti protestant » et, pourrait-on dire, d’une façon générale par cette longue désaccoutumance du dévouement au bien public qui était le résultat des désordres du siècle précédent. Il ne saurait être question de résumer ici le règne de Louis xiii et l’œuvre de Richelieu, non plus que les règnes de Louis xiv et de Louis xv. Aussi bien l’objet de ce travail n’est point, comme le lecteur l’a bien compris, de présenter un tableau d’ensemble de l’histoire de France, mais plus simplement d’aider à l’étudier en la divisant convenablement et d’y faire, par là, saisir le remarquable enchaînement des formules, des aspirations et des instincts. Le xviie et le xviiie siècle qu’on a le tort de vouloir interpréter isolément, s’éclairent dès qu’on cherche à les rattacher aux siècles précédents.

Le monarchie absolue se trouva aux prises avec des difficultés extérieures découlant de la politique interventionniste inaugurée par les ambitions italiennes de Charles viii et de Louis xii et par le rêve impérial de François ier et fortifiées par les rivalités internationales issues des guerres de religion. Elle eut contre elle la malchance de trois régences successives : celles de Marie de Médicis, d’Anne d’Autriche et de Philippe d’Orléans, pendant les minorités de Louis xiii, de Louis xiv et de Louis xv — et, pour elle, le concours des hommes les plus éminents : Richelieu, Turenne, Louvois, Colbert, Vauban, Dupleix et tant d’autres. Sa domination coïncida avec un merveilleux essor de la pensée et trouva en Louis xiv le monarque qui, selon