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reconquérir la suprématie qui leur échappait, les seigneurs se sentirent plus impuissants encore sous Philippe le Bel. Non seulement le domaine royal était fortement accru par l’acquisition des comtés de Champagne, de Blois, de Chartres, du royaume de Navarre, de la ville de Lyon… mais le trône était appuyé sur un Parlement d’où les prélats et nobles étaient à peu près exclus et sur des Etats Généraux[1] aux travaux duquel le Tiers État participait avec ardeur. Il n’y avait plus seulement le roi désormais ; il y avait l’État — conception nouvelle ou renouvelée, anti-féodale et contenant en germe toute l’évolution moderne.

La guerre de cent ans (1337-1452)

Avec Philippe le Bel la fortune des Capétiens s’évanouit. La chance qui si longtemps leur avait été favorable tourna. En quatorze ans, les trois fils du défunt roi se succédèrent sur le trône, disparaissant prématurément sans laisser d’héritiers mâles. Ainsi, la couronne se trouva échoir

  1. Le Parlement était l’ancienne Cour de justice du roi ; les sessions en étaient irrégulières. Philippe le Bel les rendit régulières et en fixa le siège à Paris ; il le « laïcisa » en quelque sorte en 1289. Quant aux États Généraux, leur première réunion date du 1302. Saint Louis, en 1262, avait bien convoqué en même temps que les représentants de la noblesse et du clergé, ceux du Tiers État, mais jamais encore les trois ordres n’avaient reçu mandat de délibérer en commun. La plus grande liberté paraît avoir présidé à la désignation des députés du Tiers, en 1302 ; le suffrage fut à très large base sinon « universel » et en certains cas, des femmes même exercèrent un droit de vote.