Page:Notre France - Coubertin.djvu/41

Cette page n’a pas encore été corrigée
35
les siècles français

l’abbé de Saint-Denis, le célèbre Suger, qui administra le royaume en l’absence du roi, parti pour la croisade d’où il ne rapporta d’ailleurs ni illustration, ni avantages. Malheureusement, après la mort de Suger, Louis vii réalisa son fâcheux dessein de divorce. La reine Eléonore contractant aussitôt un second mariage, porta son vaste héritage à Henri Plantagenet, duc de Normandie et, dès l’année suivante, roi d’Angleterre. Si bien qu’à l’avènement de Philippe-Auguste, non seulement toute la partie occidentale de la France, de Rouen à Bordeaux, se trouvait sous l’autorité britannique, mais que — les instincts d’indépendance féodale s’étant réveillés — le comte de Flandre, le duc de Bourgogne, les comtes de Blois et de Champagne s’unirent contre le jeune monarque. Philippe-Auguste les battit l’un après l’autre, imposa au comte de Flandre la cession de l’Amiénois et du Vermandois, puis se tournant contre l’Anglais, lui enleva la Normandie, la Touraine et l’Anjou (1202-1206). Une formidable coalition se noua tout aussitôt ccmtre le roi de France. Les barons des régions flamande, belge, lorraine, les seigneurs anglais et allemands ayant à leur tête l’empereur d’Allemagne Othon iv vinrent se faire battre à Bouvines (27 juillet 1214). « La joie populaire qui éclata dans toute la France capétienne, à la nouvelle de ce grand succès permet de constater le progrès immense accompli par l’idée monarchique et la dynastie qui la représentait » (Lavisse et Rarnbaud). « Ce fut, a écrit un contemporain, la même allégresse dans les villes, dans les villages, dans les châteaux ; une seule victoire provoquait mille triomphes ».