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Les premiers Capétiens eurent cette grande habileté de savoir se servir alternativement des droits féodaux et de la conception ecclésiastique et romaine de la royauté. Ils eurent d’autre part le temps pour eux. Hugues Capet ne régna que dix ans, mais son fils Robert en régna trente-cinq, son petit-fils Henri ier, vingt-neuf et son arrière petit-fils Philippe ier, quarante-huit. Discrètement, obscurément, mais sans se lasser, ces princes que les chroniqueurs ont souvent calomniés, affermirent leur situation et travaillèrent à agrandir leur domaine et à s’émanciper de leurs vassaux. Louis vi (1108-1137) avait commencé dès 1101, du vivant de son père, à lutter contre ceux-ci[1] les armes à la main. Soldat infatigable, il chevauchait sans cesse, « prompt à détruire les repaires féodaux et à faire cesser les souffrances du peuple » (Lavisse et Rambaud). Sans mériter le titre de créateur des communes qu’on lui donne à tort, ce prince n’en concéda pas moins nombre de chartes émancipatrices. S’il laissa sans solution la question normande[2], Louis vi, en mariant son fils avec l’héritière du duché d’Aquitaine avait préparé heureusement l’avenir.

Le règne de Louis vii (1137-1180) marque un recul de l’entreprise capétienne. Le recul eût été complet sans l’habileté et la fermeté de

  1. Les premiers Capétiens associèrent leur fils aîné au trône en le faisant élire et sacrer de leur vivant. Ce ne fut pas toujours sans peine. À partir de Philippe-Auguste, cette précaution devint inutile ; le droit héréditaire s’était assez affermi pour s’imposer à tous.
  2. Posée par le fait que le duc de Normandie, vassal du roi de France et conquérant de l’Angleterrs (1066), se trouvait maintenant pour son suzerain un terrible rival.