-mêmes » (Rambaud). Hugues Capet, populaire par les exploits de son aïeul Eudes, se trouvant être le frère du duc de Bourgogne, le beau-frère des ducs du Normandie et d’Aquitaine, circonstances qui avaient grandement favorisé son élévation. Mais parmi ceux qui avaient voté pour lui, aucun assurément ne s’était proposé de fixer de façon définitive la couronne dans sa famille.
Différentes étaient les arrières-pensées de l’Église. L’archevêque de Reims, Adalberon, l’évêque d’Orléans et le moine Gerbert, qui devait devenir pape sous le nom de Sylvestre ii, avaient été, si l’on peut dire, les zélés « agents électoraux » du nouveau roi, parce qu’ils éprouvaient combien l’Église avait intérêt au rétablissement de la doctrine romaine de l’indivisibilité monarchique. Grandement enrichie par les barbares qui pensaient racheter leurs crimes au moyen de donations pieuses, l’Église s’était corrompue. Au clergé des ve et vie siècles que ses vertus et les services rendus à la chose publique avaient illustré, s’était substitué un clergé peu respectable et encore moins lettré. Puis les pratiques féodales envahissant aussi le domaine ecclésiastique, on avait fini par voir les abbayes, les évêchés devenir des sortes de fiefs. L’honnêteté des mœurs et le goût de la culture s’étaient réfugiés dans les monastères d’où sortit aussi l’énergie nécessaire à la réforme. En 910 avait été fondé le célèbre ordre de Cluny qui devait donner au Saint-Siège le pontife rénovateur, Grégoire vii. Ainsi les idées romaines d’unité, d’administration, d’universalité reprenaient vie en face du morcellement féodal qui avait failli les étouffer.