phiques. S’il « organisa » la Germanie et rétablit un peu d’ordre en Italie, le fait d’avoir dès 780 donné à son fils Pépin le titre de roi des Aquitains et plus encore le singulier partages prévu dans son testament de 806, indiquent qu’il n’eut jamais l’ambition et ne comprit jamais la nécessité de réédifier l’unité de la Gaule. Lorsque la force des choses eut conduit les successeurs du grand empereur à ce fameux traité de Verdun (843) qui eût pu être si fécond ce qui rendit le partage stérile, c’est que le royaume attribué à Charles-le-Chauve n’était qu’une Gaule déformée et amputée de ses membres essentiels. Le long règne de ce prince (843-877) fut handicapé par cette circonstance bien plus que par les incursions des Normands, La Provence et ce qui correspond au Dauphîné et à la Franche-Comté étaient soustraits à son pouvoir comme l’étaient déjà la Bretagne et l’Aquitaine. Ainsi la monarchie franque avait défait la Gaule ; des siècles allaient être nécessaires pour la refaire.
Qu’était devenu le peuple sous de tels chefs ? Il se sentait désemparé ; il avait vu les arts et les lettres dépérir autour de lui ; ses horizons s’étaient rétrécis et assombris ; surtout, il vivait dans une insécurité presque quotidienne. Et c’est pourquoi ce grand naufrage le jetait vers une force nouvelle, la féodalité. Habitant des campagnes appauvries ou des villes dépeuplées, il n’y avait plus d’autre ressource que de se lier à l’homme de guerre qui consentirait à protéger, à défendre celui qui se recommenderait à lui et achèterait, par le sacrifice d’une part de son indépendance, la sécurité relative impossible à obtenir autrement. « Une société paisible,