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les siècles barbares

diocèse eut un évêque. L’évêque prit la place du « flamine », le grand prêtre païen qui présidait jadis au culte. Il advint de plus qu’on lui confia souvent la charge élective de « défenseur de la cité » instituée par l’empereur Valentinien. Le peuple qui l’élisait à ce poste par défiance de l’aristocratie et de ses coteries s’accoutumait ainsi à solliciter l’arbitrage épiscopal plutôt que d’en appeler aux tribunaux. Enfin la libéralité des fidèles commençait à enrichir les sanctuaires et à accroître par là leur prestige. Si bien qu’ayant pénétré dans le moule de l’administration romaine, l’Église était prête à se substituer à elle le jour où cette administration venait à faire défaut.

Le calcul des évêques en faveur de la monarchie franque faillit être faux en ce sens que la civilisation sembla devoir périr définitivement entre les mains grossières et malhabiles auxquelles ils osaient confier ses destins. Malgré le concours des Gallo-Romains lettrés qui, « attristés de la chute de l’empire, inquiets de l’anarchie barbare » (Rambaud), s’empressèrent autour des rois francs, ceux-ci se montrèrent constamment impuissants à restaurer l’ordre et la paix. Aucun de ces souverains barbares ne sut s’élever à la notion essentielle de l’unité. Clovis s’était taillé en peu d’années (496-508) un royaume inespéré. Grâce à l’Église, il avait abattu Burgundes et Wisigoths et, fier de se parer des titres de patrice et de consul, il régnait de fait sur presque toute la Gaule. Or, il détruisit lui-même son œuvre en la découpant à sa mort (511) en quatre parts au profit de ses fils. Cinquante ans plus tard, Clotaire à qui le hasard, aidé par le crime, avait permis de re-