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L’empire romain cependant marchait au suicide ; ses rouages administratifs l’écrasaient, transformant peu à peu l’ordre en tyrannie et l’impôt en instrument de ruine générale. Sa double faute vis-à-vis de la Gaule sera de la laisser dépourvue d’une classe moyenne, nombreuse et solide[1] et désarmée d’autre part, par désaccoutumance du métier militaire, en face des violentes convoitises germaniques. Ces convoitises étaient permanentes. Comme l’avait rappelé un jour de façon frappante un général romain, Cerialis, s’adressant aux Gaulois : « Les mêmes motifs de passer en Gaule subsistent toujours pour les Germains : l’amour du plaisir et l’amour de l’argent. On les verra toujours, ajoutait Cerialis, quittant leurs solitudes et leurs marécages, se jeter sur ces Gaules si fertiles pour asservir vos champs et vos personnes ».

La défense (406-486 ap. J.-C.)

La cohue des barbares passa le Rhin le 31 décembre 406 et culbuta les Francs qui le gardaient. Ces derniers, cantonnés par Constance Chlore entre Rhin et Meuse (292), avaient été vaincus et refoulés par Julien en 356 puis encore en 387 et 395 dans leurs tentatives pour descendre vers le sud. Finalement leurs guerriers

  1. Aux deux premiers siècles elle avait commencé de se former puis son développement s’arrêta. « Entre l’aristocratie représentée par les fonctionnaires impériaux ou les sénateurs et le peuple des campagnes, il n’y a que quelques corporations de négociants et d’artisans, écrit Alfred Rambaud et ces curiales (petits bourgeois enrichis par leur labeur professionel) que le fisc exploite impitoyablement.