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les idées et les mœurs

postérité portera sur la qualité des meilleures productions de cette époque, les œuvres qu’elle acceptera comme définitives auront émergé d’un flot d’écrits voués à l’oubli et tel qu’aucune autre époque n’en avait encore subi de pareil. Les auteurs de ces écrits trop abondants se sont trouvés en quelque sorte dans l’obligation, pour essayer d’attirer l’attention, de renchérir toujours les uns sur les autres et de s’inspirer de conceptions — comme de se servir de procédés de plus en plus outranciers.

Cette tendance à l’aggravation, au grossissement perpétuels se marque nettement dans l’extension rapide des habitudes de dénigrement et c’est pourquoi on est justifié à y chercher la cause principale de ladite extension.

La philosophie populaire ne s’est pas trouvée apte à y opposer un rempart efficace. Malgré que « le Sentiment de l’œuvre nationale accomplie à travers les siècles soit très vivant dans les cœurs » le Français continuait à la veille de la guerre de ne point comprendre « qu’on se serve des fondations faites par un autre ». À la différence de l’Anglo-Saxon qui « commence toujours par observer s’il existe à portée une œuvre à continuer ou à laquelle il puisse adosser la sienne », le Français commence par renverser pour avoir place nette, table rase avant d’édifier à son tour. « Il en résulte que chaque génération gaspille énormément pour découvrir ce qui avait déjà été contemplé puis enseveli, pour réapprendre ce qui avait été déjà su — et puis oublié ».

Sur ce point — et peut-être sur ce point seulement — on n’apercevait pas encore en 1914 de