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les idées et les mœurs

On ne saurait s’exagérer la portée de telles évolutions. Il y en eut d’autres moins considérables. De timides tendances décentralisatrices suffirent pourtant à ranimer la vie provinciale sur bien des points. Tout l’effort littéraire, artistique, scientifique ne se dirigea plus vers Paris avec la même intransigeance et le même exclusivisme. De saines aspirations régionales reprirent racine dans le sol français.

Il faut ici dire un mot d’un sujet délicat. La surproduction littéraire, la liberté du journal et du livre poussée jusqu’à la licence, l’afflux à Paris de « fêtards » cosmopolites aux instincts peu édifiants ont donné occasion aux adversaires et aux rivaux de la France de dénoncer sa corruption grandissante. Ceux qui la connaissent bien savent l’inanité de cette accusation et quelques-uns de ceux-là ont même tenu à dire tout haut ce qu’ils pensaient à cet égard[1] et à montrer la force de résistance de la famille française vis-à-vis des influences délétères. Parmi ces influences, la mauvaise littérature compte assurément au premier rang sans que, pourtant, elle exerce sur la mentalité française les ravages que l’on croit. Il y a là une sorte d’accessoire pimenté absorbé machinalement et contre lequel la race a acquis l’habitude de réagir d’une façon qui surprend moins quand on se reporte au passé ; des phénomènes analogues ont pu déjà être observés à différentes époques.

Beaucoup plus nocive est l’action de l’alcoolisme et, malgré les généreux efforts, la lutte contre ce fléau est moins avancée en France qu’elle ne l’est ailleurs, les pouvoirs publics n’a-

  1. Voir notamment le livre de Barrett Wendell intitulé ; France of to day, publié à New-York et en français, à Paris.