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avec une meilleure hygiène, mais au milieu de plus vastes horizons. Les contacts avec l’étranger qui étaient restés jusque-là l’apanage du snobisme cosmopolite prirent soudain des allures plus franches et plus populaires.

En même temps, le mouvement égalitaire se révéla. On ne saurait guère préciser ici de date ou de faits. Dans les institutions, l’évolution évidemment se poursuivait depuis longtemps. Mais les rapports entre les classes n’avaient point changé pour cela. À cet égard, il y a plus de dissemblanoe entre l’état mental de 1875 et celui de 1900 qu’entre les débuts de la République et l’avènement de Louis-Philippe. Ces rapports étaient parfois adoucis, plus souvent aigris ; ils restaient basés sur le sentiment de l’inégalité juste et fatale ; les « classes dirigeantes » continuaient de se considérer comme investies, de par leurs richesses d’une sorte de mission providentielle héréditaire. Les ouvriers en s’unissant contribuèrent grandement à affaiblir ce dogme. Le syndicalisme donna à leurs revendications matérielles un appui certain, mais il les plaça surtout sur un pied d’égalité vis-à-vis de leurs patrons. Ce spectacle nouveau devait influer sur l’opinion. Les idées et les moeurs anglo-saxonnes influèrent de leur côté ; mieux connues, on les comprit mieux. Le rapprochement politique aidant, les manières de voir anglaise et américaine firent peu à peu des adeptes nombreux dans la France républicaine. La fortune fut envisagée sous un angle moins égoïste. « Vivre de ses rentes » cessa d’être un idéal avouable ; des ambitions plus viriles s’annoncèrent et l’on s’attacha à jauger l’individu d’après sa valeur productiviste.