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recueillement. L’effort essentiel était à l’intérieur, et du reste, la guerre de 1870 avait laissé la France isolée dans le monde sans qu’elle pût compter sur un appui solide de la part d’aucune chancellerie étrangère. La sagesse de son attitude et plus encore les menaces et les préparatifs agressifs de l’Allemagne en 1875 commencèrent de modifier ces dispositions. La Russie et l’Angleterre intervinrent énergiquement à Berlin auprès de l’empereur Guillaume ier qui semble avoir été étranger, à cette époque, aux plans ourdis par son chancelier. Le prince de Bismarck ayant échoué dans son dessein de réduire la France au rang de petite puissance et de lui retirer sa place dans les conseils de l’Europe en prit brusquement son parti. À partir du Congrès de Berlin (1879), il vit sans ombrage le gouvernement français faire preuve d’une plus grande activité au dehors. Le rôle des représentants de la République à ce congrès avait été conforme aux traditions et aux intérêts du pays. L’Europe y avant été informée des projets d’installation en Tunisie et en avait dû admettre le bien-fondé. Dès lors, et jusqu’en 1891, la diplomatie française participa à tous les échanges de vues et négociations internationales, mais sans se lier à aucune puissance en particulier. Toutefois, il y avait une visible tendance à se rapprocher de la Russie[1] et, par contre, cette seconde phase vit s’envenimer les rapports avec l’Angleterre par suite de son intervention armée en Égypte. L’action de Gambetta, resté grand

  1. Dès 1877, époque de la guerre russo-turque, les instructions données par le duc Decazes à nos agents, les incitaient au russophilisme dans la mesure compatible avec les devoirs de la neutralité.