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les siècles celtiques

dépassera plus les Alpes. En même tempe, le péril germanique grossit sur le Rhin. Le celtisme n’est plus au temps des incursions victorieuses ; il doit combattre sur ses propres frontières. L’un de ses adversaires, celui du nord, a la force du nombre ; l’autre, celui du sud, a la force de l’organisation. S’ils allaient s’entendre ?… Marseille détourne, sans le savoir, le destin. Ayant, dès 155, fait intervenir Rome dans une querelle entre elle et des peuplades ligures, ses voisines, elle provoque, trente ans plus tard (125 av. J.-C.), une nouvelle intervention, cette fois contre les Arvernes et les Allobroges en lutte avec les Éduens. La guerre, longue et dure, aboutit à la création d’une province romaine de « Gaule transalpine » : à peu près le triangle Toulouse-Nice-Genève. Narbonne en est la capitale. Marseille, enclavée, conserve son territoire et ses privilèges. Les Romains ont dès lors pris pied sur la terre celte.

À peine leur établissement s’est-il consolidé que la première grande invasion germanique se produit. En l’an 102 av. J.-C., Marius écrase les barbares à Aix et sauve du même coup la Gaule et la civilisation. Le celtisme va pouvoir maintenant servir de point d’appui à César pour créer l’empire. L’an 58 av. J.-C., César, qui est proconsul des deux provinces de Gaule transalpine et cisalpine, est appelé par les Éduens. C’est que le germain Arioviste, imprudemment attiré par les Arvernes qui se flattaient d’utiliser ses hommes comme mercenaires, a passé le Rhin. Tout un peuple — cent vingt mille, dit-on — vient derrière lui. Et voici que plus de trois cent mille Helvètes, renonçant à leurs foyers pour chercher au midi une meilleure fortune,