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présidence, à son départ, manquait grandement de prestige extérieur, mais les partis s’étaient accoutumés à ne plus guère la mêler à leurs querelles et à ne plus en discuter le principe.

Le président Carnot se trouva ainsi plus à l’aise pour rendre à ses hautes fonctions le lustre dont elles étaient susceptibles et qui leur avait manqué depuis neuf ans. Le palais de l’Élysée s’ouvrit à de brillantes réceptions ; le train de maison fut porté exactement au degré qui convenait et le protocole mis au point. Le président entretint de fréquentes relations mondaines avec le Corps diplomatique et visita l’une après l’autre les différentes régions de la France. Il fut présent à toutes les cérémonies importantes, à toutes les grandes manifestations artistiques et industrielles. L’été, au lieu de prendre bourgeoisement ses « vacances », comme son prédécesseur, il fit aménager une aile inoccupée du palais de Fontainebleau pour y recevoir les visiteurs de marque. Pendant les fêtes de 1889, il ne cessa de faire aux étrangers les honneurs du pays. On sait, d’autre part, quel rôle il joua personnellement dans la préparation de l’alliance franco-russe et quel tact il eut à déployer pendant les crises du Boulangisme et de l’affaire de Panama. Enfin, il établit la tradition de la présence du chef de l’État à la revue qui clôturait les grandes manœuvres annuelles. En toutes choses, il donna ainsi l’exemple d’un juste équilibre. Comme approchait la fin du septennat, la question de la réélection se posa. On a appris depuis que Carnot ne s’était ouvert de ses intentions qu’à celui qu’il considérait comme son successeur désigné, le président de la Chambre, Casimir-Périer ; pour ne pas troubler le pays, il n’avait pas