suite des électeurs pour l’envoyer siéger à l’Assemblée constituante. Taciturne et indécis d’apparence, il n’y fut pas considéré comme un candidat redoutable à la présidence de la République. L’Assemblée qui élaborait une constitution pompeuse et déraisonnable, lui fournit une chance inespérée en décidant, après une retentissante discussion, que le chef de l’État serait élu directement par le peuple. Lamartine se flattait de parvenir ainsi au pouvoir. À son défaut, le général Cavaignac, belle figure de républicain intègre, généreux et droit, semblait devoir réunir la majorité des suffrages. Or, le 10 décembre 1848, Louis-Napoléon recueillit 5 millions 434.226 voix, tandis que Cavaignac n’en obtenait que 1.448.107 et Lamartine 17.910.
L’Assemblée constituante ayant accompli son mandat, fut remplacée au début de 1849 par l’Assemblée législative de 750 membres que prévoyait la nouvelle constitution. Les partisans du président y eurent une majorité considérable, mais cela ne le contentait pas. Il voulait supprimer le parlementarisme. Aussi dessina-t-il sa politique non point en désaccord, mais pourrait-on dire, en « ignorance » des députés. Une révolution ayant éclaté à Rome, et le pape Pie ix ayant dû s’enfuir à Gaète, Louis-Napoléon envoya en Italie des troupes françaises pour rétablir le pouvoir pontifical. Peu après, il congédia brusquement les ministres qui avaient la confiance de l’Assemblée et en choisit d’autres ; il destitua le général Changarnier, commandant de l’armée de Paris… À chacun de ces coups de force, la Bourse montait. Il devenait de plus en plus certain que l’opinion se détournait de l’Assemblée et donnait sa confiance au président.