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rettes et une sinistre procession révolutionnaire parcourut les boulevards semant sur son passage la panique la plus complète. En vingt-quatre heures, l’affolement se propagea de tous côtés ; les pouvoirs publics firent défaut ; les ordres et les contre-ordres se croisèrent. Le roi abdiqua hâtivement et abandonna la partie. Ainsi en deux jours la république se trouva établie sans que ses partisans aussi audacieux que peu nombreux eussent rencontré de résistance sérieuse.

L’ordre public courut alors des dangers. Un homme se rencontra, qui n’avait pour arme que le prestige de son éloquence, et qui sauva véritablement la patrie, son crédit, son bon renom et sa dignité. Lamartine, en ces jours enfiévrés, se prodigua et ses triomphes oratoires sur les passions soulevées furent nombreux et grandioses. Mais les principes nouveaux proclamés à la face de la France et de l’Europe n’étaient propres ni à faciliter l’établissement d’un régime normal ni à assurer à ce régime la sympathie des autres nations. Celles-ci, il est vrai, se trouvèrent détournées de toute intervention par le souci de leurs propres affaires. Comme une traînée de poudre, en effet, l’effervescence s’était répandue au dehors. Milan et Venise s’émancipaient ; des barricades se dressaient à Berlin ; le roi de Bavière était forcé d’abdiquer et Metternich de s’enfuir de Vienne ; la Pologue s’insurgeait… Pendant ce temps, la France se trouvait aux prises avec les pires difficultés financières et sociales. En même temps que le suffrage universel et la liberté de la presse, le « droit au travail » avait été décrété comme un principe fondamental de la république. Pour y satisfaire on ouvrit des ateliers nationaux. Deux