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Depuis 1836 la politique personnelle du roi dominait ; son ingérence tatillonne dans les affaires intérieures et extérieures allait croissant. « Un ministère, disait-il, n’est qu’un relais de poste. J’ai quelquefois de bons chevaux… quelquefois de médiocres. » Une telle conception des choses n’était pas faite pour faciliter la tâche du gouvernement à la tête duquel avaient passé successivement le duc de Broglie, Thiers, les maréchaux Soult, Gérard, Mortier, le comte Molé et qui finit par se cristalliser entre les mains de Guizot. C’est que Louis-Philippe et Guizot en étaient arrivés à avoir le même idéal d’ordre bourgeois, d’administration précautionneuse et économe. C’est cette politique que Lamartine apostrophait en ces termes : « À vous entendre, le génie des hommes politiques ne consiste qu’en une seule chose : se poser là, sur une situation que le hasard ou une révolution leur a faite et y rester immobile, inerte, implacable à toute amélioration. Et si c’était là, en effet, tout le génie de l’homme d’État chargé de diriger un gouvernement, il n’y aurait pas besoin d’homme d’État ; une borne y suffirait ».

La question sur laquelle, aux environs de 1846, se concentraient les aspirations progressistes était celle de la réforme électorale. Il s’agissait d’abaisser le cens, c’est-à-dire d’accorder le droit de vote aux citoyens payant cent francs d’impots ; le nombre des électeurs eût été de ce fait accru de 200.000 environ. On réclamait, en outre, que les fonctionnaires, fussent exclus de la Chambre ; ils avaient fini par être près de 200 — magistrats, diplomates, aides de camp du roi, membres de l’administration, employés du palais — qui, élus députés, continuaient de tou-