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70.000 demandes qui firent sans doute autant de mécontents. À l’automne de 1830, Paris, Lille, Dijon, Arles, Nîmes, Perpignan et Angoulême furent le théâtre de véritables émeutes. En 1831 et 1832, Lyon et Grenoble virent éclater des insurrections. En avril 1834, Paris fut troublé à nouveau de façon grave. L’année se montrait désorientée ; les pouvoirs publics, timides et indécis ; les clubs populaires étaient redevenus aussi outranciers de tendances que ceux de 1793 ; les lettres et le théâtre reflétaient un inquiétant amoralisme, les plus étranges conceptions sociales se répandaient dans l’opinion. Louis-Philippe — « autoritaire déguisé en libéral » — laissa s’user ces forces mauvaises. Sa patience fut extrême mais trouva enfin sa récompense. Il y avait là une sorte de rechute du mal révolutionnaire et comme un dernier écho de la longue tragédie que la France avait vécue ; cela ne pouvait être durable. Effectivement, le calme revint et l’effort, réorganisateur de la société française put reprendre, un peu lent, un peu étroit, indéniable cependant pour qui regarde l’ensemble. Les trente-trois années consécutives de monarchie constitutionnelle (1815-1848) se sont traduites par des progrès de tous genres, notamment dans l’ordre agricole, industriel et financier[1]. Aussi, malgré l’instabilité qui lui

  1. De 1815 à 1848, le nombre des propriétaires augmenta de près d’un million et le prix moyen de l’hectare passa de 700 francs à 1.290. — 29.000 kilomètres de routes nouvelles furent établies et 2.900 kilomètres de canaux. Un milliard de francs furent dépensés pour les travaux publics. Malgré que l’Empire et les Cent Jours eussent légué à la Restauration une charge de trois milliards, le crédit ne cessa de s’élever. Le 5 % qui était à 52 francs en 1815 et déjà à 80 en 1818, était à 110,65 en 1829. Le taux de l’emprunt en 1816 était