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la restauration et les cent jours

c’est-à-dire l’immense majorité du pays, impatiente de paix, de calme et de travail. Pendant qu’à travers le siècle se disputeront les minorités réactionnaires et révolutionnaires (sous la Restauration on appelle les premiers des ultras et les seconds des libéraux), cette France-là assurera la prospérité nationale. Laborieuse et patiente, courageuse et persévérante, c’est sans son aveu et contre son gré que réussiront les aventures de 1815, de 1830, de 1848. C’est elle aussi qui, en 1849, acclamera Louis-Napoléon et, à partir de 1875, soutiendra obstinément la République. Son histoire se confond avec l’histoire du siècle.

Le coup de foudre des Cent jours éclata inopinément. On savait qu’à l’île d’Elbe, Bonaparte ne se résignait pas, mais nul ne prenait au sérieux les agissements des émissaires qui préparaient son retour. En France, le mécontentement fut général, mais il n’eut pas le temps de se manifester. Par suite de la défection des premiers régiments, le désarroi gagna de proche en proche et des troubles éclatèrent. Des bandes criminelles parcoururent le territoire, y commettant les pires excès. Pendant les « Cent jours » que dura cette restauration impériale (fin mars à fin juin 1815) près de 17.000 soldats furent employés de façon continue à la répression du désordre. En arrivant à Lyon, le 12 mars, Napoléon, par neuf décrets célèbres, annula simplement toutes les mesures prises par Louis xviii. Mais parvenu aux Tuileries il comprit son erreur. Il se sentait étranger au sein de la nation et se plaignait « de ne plus la reconnaître ». L’hostilité était presque générale contre lui parmi les magistrats et