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À l’extérieur, la paix du 30 mai 1814, laissait à la France ses frontières de 1792 et, en plus, Sarrebruck, Landau, Mulhouse, Montbéliard, Annecy, Chambéry et une partie de la Savoie. La coalition n’en subsistait pas moins et l’isolement menaçait la France. Il ne fallut que quelques semaines à Talleyrand pour rompre l’accord adverse. Plénipotentiaire au Congrès de Vienne[1] où devait être remaniée la carte de l’Europe, ce peu estimable mais fort habile diplomate parvint, en faisant intervenir tour à tour la question de Saxe et celle de Pologne, à mettre la zizanie entre les quatre puissances coalisées et à signer, dès le 3 janvier 1815, un traité secret d’alliance offensive et défensive entre la France, l’Autriche et l’Angleterre. Pendant ce temps, le baron Louis, ministre des Finances, avait à jamais assuré la valeur du crédit français en acceptant vaillamment le principe de la responsabilité des dettes contractées par les régimes précédents.

Le roi, qui avait conservé plus de la moitié des fonctionnaires de l’Empire, n’avait à craindre à ce moment que deux groupes de mécontents : les « émigrés » intransigeants qui eussent voulu rétablir l’ancien régime et les « demi-soldes », officiers et gradés des armées impériales dont on ne pouvait plus utiliser la bravoure et qu’il avait bien fallu réduire à la portion congrue. Entre ces deux groupes, il y avait la France,

  1. Les instructions rédigées en septembre 1814 pour ce congrès, sous l’inspiration du roi, demeurèrent jusqu’en 1856 comme l’a écrit Albert Sorel « le code de la diplomatie française ». Elle se réclamaient de la politique traditionnelle d’Henri iv et de Richelieu appropriée aux besoins du jour par un souverain (Louis xviii), dont Albert Sorel a dit qu’il fut « un des hommes les plus rusés et les plus patients de son siècle ».