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période en distinguant les différentes coalitions dressées par l’Europe contre Napoléon ; en réalité, il n’y en eût qu’une, jamais apaisée dans ses intentions, toujours renaissante dans ses actes, incessamment alimentée par le fait que le rêve napoléonien, dépassant les frontières et les ambitions nationales du peuple français, visait à une hégémonie occidentale indiscutée. Il en fut ainsi dès le principe. Dans une note en date du 25 Octobre 1802 destinée à agir sur le gouvernement britannique, Bonaparte, déjà, menace de « ressusciter l’empire d’Occident ». Devenu empereur, il évoque tour à tour César et Charlemagne ; Le pape doit venir à Paris pour le sacrer ; c’est à Aix-la-Chapelle qu’il force François ii à lui adresser sa reconnaissance officielle du nouvel état de choses établi en France. Au camp de Boulogne, entouré d’innombrables légions, il fait revivre les pompes militaires romaines avec une ostentation calculée. Le plan est donc visiblement formulé dès 1804 ; toutes les forces tendent vers sa réalisation.

Le début est un échec non seulement de stratégie, mais de calcul : échec naval qui se termine le 20 octobre 1805 par le désastre de Trafalgar. Mais à cette date, il y a déjà plusieurs mois que Napoléon a compris son erreur. Une nuit d’août, il a dicté à un lieutenant stupéfait un plan inouï de géniale audace. Il s’agit d’utiliser cette armée colossale assemblée contre l’Angleterre, de lui faire traverser l’Europe à l’improviste et de la jeter contre l’Autriche. Ce même 20 octobre qui voit Nelson détruire la flotte française à Trafalgar voit capituler les Autrichiens bloqués dans Ulm. Six semaines plus tard, la foudroyante victoire d’Austerlitz (2 décembre) abat les forces